Publié le 15-10-17

Au large du Mexique, l'archipel des îles Revillagigedo regorge de sites de plongée exceptionnels. Un environnement paradisiaque que nous avons sillonné quelques jours à la rencontre des raies manta et ses autres habitants. Un séjour qui nous a aussi réservé de belles rencontres-surprises !


Les « Socorro », ça se mérite !


Nous avons pris un premier vol de Paris pour Mexico, puis un second pour le sud de la péninsule de la Basse Californie (San José del Cabo). Une fois sur place, j'ai retrouvé une bande de copains avec laquelle j’avais déjà effectué une croisière aux îles Coco il y a quelques années. J’ai aussi rencontré les autres passagers : quatre Suisses vaudois pleins d’humour, deux Philippins et deux Américains. L’équipage, très professionnel, comportait huit membres de toutes les nationalités. Et le plus important : le cuisinier mexicain qui préparait une cuisine délicieuse !


Le mois de mai est la « bonne période » pour voyager dans l’océan Pacifique, l'idéal pour supporter sereinement les 30 heures de navigation !


La dernière coulée de lave date de 1968 et elle a permis à cette île de s'agrandir un peu.

 

Le site de Canyon pour se mettre au rythme du Pacifique et prendre la température


Situé presque sous le bateau, ce site entre 12 et 30 mètres de profondeur possède un relief fait de pics et de crevasses de basalte. Sa particularité, c’est que la roche est nue, sans aucune végétation pour la couvrir.


Surprise lors de la mise à l’eau, celle-ci est à 22°C seulement ! Au fond, contrairement à ce qui était prévu, aucun courant, tout est calme et nous n’apercevrons pas les bancs de requins annoncés.

J’en profite pour photographier tranquillement les petits poissons et les « HLM aux langoustes » où elles vivent en colonie.

Un banc de carangues « gros yeux » tourne juste sous le bateau : notre réadaptation à la plongée dans l’océan Pacifique est réussie, même si au bout d’une heure, l’eau commence à être bien fraîche !


L’après-midi, deux raies « manta » géantes pointent le bout de leur nez et font quelques pirouettes devant nous. La première a ses excroissances à l’avant, enroulées sur elles-mêmes, la seconde les porte déployées et je me demande bien pourquoi ! Elles se cabrent dès qu’elles approchent un chapelet de nos bulles. Le soir, nous reprenons la navigation pour 3 heures. Cap sur l'île de Socorro que nous apercevons déjà au loin.


Cabo Pierce, un patrimoine mondial



Sur le site, une plaque commémorative nous rappelle que cet archipel a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Le site oscille entre 15 et 35 mètres de profondeur avec un grand éperon rocheux qui s’avance dans le « bleu ». Normalement, c’est ici que les bancs de poissons devraient être.


Malheureusement, la mer est bien vide et même les poissons « papillon », nettoyeurs dont la fonction est de débarrasser les autres poissons de leurs parasites, sont au chômage ! Ils attendent visiblement des clients qui ne viennent pas !


Nous observons un requin « Galapagos » qui passe par là furtivement et j'observe de près les langoustes énormes et les poissons porc-épic !


Au bout de trois plongées d’1h par jour, nous commençons à avoir un peu froid. Heureusement, un jacuzzi nous accueille à bord pour une récupération active dans une eau à 38°C ! Le soir, nous sortons en bateau semi-rigide pour admirer les colonnes de basalte rouge qui servent de nidification aux colonies de fous aux pieds bleus.


Une belle rencontre avec les dauphins à Roca Oneal


Après avoir effectué les obligations administratives avec les douanes locales, nous passons de l’autre côté de l’île. Celui-ci donne accès à une grande grotte couverte de nudibranches et aux langoustes qui sont tapies au fond. L’endroit est magique car au milieu, une cheminée permet de remonter à la surface. Et là, surprise, deux dauphins (ou plutôt « dauphines ») viennent vers nous et nous approchent à tel point que nous pouvons les toucher !

Cette rencontre avec les dauphins nous met hors du temps pendant quelques minutes.

Elle est interrompue par un troisième dauphin plus foncé (peut-être un mâle) qui semble venir les chercher, comme si la récréation avec les humains était terminée ! En quelques secondes, ils disparaissent tous les trois dans le bleu mais nous laissent un souvenir impérissable.


Roca Partida, un spot de plongée exceptionnel


C’est reparti pour 9h de navigation vers l'île la plus à l’ouest de l’archipel, Isla Roca Partida. Nous resterons 2 jours sur ce spot car il est vraiment exceptionnel. Il ressemble un peu au rocher de la « Gabinière » à Port Cros, en plus petit, et avec des fonds plus importants : au pied de la roche, on trouve 70 mètres. Ensuite, c’est complètement abyssal.


C’est un site où les courants sont forts. Il faut donc faire attention à ne pas trop s’éloigner de la roche, même si la tentation de nager après les raies manta est grande !

Le matin, c’est l’heure des prédateurs ! Requins soyeux, bancs de carangues… tout ce monde tourne autour des rochers en quête de nourriture.


L’après-midi, les « chasseurs » vont faire la sieste et le reste de la vie se concentre contre la paroi qui offre peu d’abri. Toute une population de requins « pointe blanche » y vit, qui se serrent les uns contre les autres pour échapper à leurs congénères plus gros et affamés. Les langoustes, sous forme de bouquet, espèrent passer elles aussi inaperçues !


A la fin de la plongée, une manta géante vient se prélasser auprès de nous avant de disparaître rapidement. Nous espérons tous qu’elle revienne le lendemain !


Un spectacle sous-marin pour notre dernière plongée


Pour notre dernier jour de plongée, nous partons tôt le matin.

Et là, surprise, nous croisons deux requins-marteaux ! En fait, le banc entier est plus profond, aux alentours des 50 mètres.


Nous filmons cette rencontre rare et exceptionnelle et, quand ils s’éloignent, nous retournons observer la faune plus habituelle qui tourne autour de nous. Le spectacle continue puisque lors des deux dernières plongées, nous assistons à un ballet de raies manta géantes. Superbe !

Dans ces îles, ces animaux ne craignent ni les plongeurs, ni leurs bulles et ils s’approchent de nous sans crainte. Est-ce parce qu’ils savent qu’ils ne risquent rien ?

Nous observons les raies manta évoluer au milieu de nous... Elles font 5 à 6 mètres, et nous frôlent  sans jamais nous toucher !


Elles recherchent même nos chapelets de bulles ! C’est émouvant de les voir passer sur le côté, leurs énormes yeux nous regardant, comme s’il se passait quelque chose de magique entre elles et nous. Impossible de rester impassible devant cette beauté sous-marine.


Lors de la dernière plongée, après avoir passé plus de 40 minutes à leurs côtés, nous sommes partis de l’autre côté de l'île. Dix minutes plus tard, elles nous retrouvaient et nous en avons compté six qui tournaient autour de nous pendant nos paliers. Difficile de sortir de l’eau dans ces conditions mais, après 75 minutes, nous avons dû nous y résoudre par manque d’air dans nos blocs !


Après cette dernière plongée magique, nous faisons de nouveau 36 heures de navigation pour revenir à notre port d’embarquement. Cette fois-ci, le temps s’est largement amélioré. Le ciel est bleu, plus de vent, la houle est réduite au minimum et les plongeurs malades de l’aller peuvent profiter de ce retour paisible, des images plein la tête ! 


Un article de Patricia Breton